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Par la Rédaction

Au Cameroun, le tabou de l’« après-Biya » est tombé

Alors que les rumeurs sur son état de santé ont marqué la fin de 2024, le chef de l’État s’avance vers la prochaine présidentielle, pour laquelle il est pour l’instant le candidat naturel de son parti. Pourtant, et comme jamais, l’excitation, l’espoir ou encore la peur de l’après ont déjà envahi Yaoundé.



Aucune de ces conversations n’a eu lieu au téléphone. Aucun mot n’a été écrit noir sur blanc dans une missive ou un message. Aucune parole n’a été prononcée en public pour éviter qu’elle ne soit entendue, rapportée, utilisée. Au Cameroun, en ce mois de novembre 2024, les langues se sont certes déliées, mais chacun reste prudent. Y compris dans les plus hauts cercles du pouvoir. Combien sont-ils, ces présumés comploteurs de cour, à avoir payé de leur liberté une prise de position ?


Depuis quelques semaines, un seul sujet vaut discussion dans les alcôves de la capitale : la santé de Paul Biya et, surtout, les conséquences de son déclin. Le chef de l’État, après avoir effectué une tournée diplomatique remarquée en France et en Chine, a été obligé de stopper son élan par un long séjour privé à Genève, en Suisse, en septembre et en octobre. Des rumeurs alarmistes ont vu le jour, sans que la communication, inexistante puis maladroite, de la présidence ne parvienne à éteindre l’incendie. Même les plus avertis se sont inquiétés.


« Chacun demandait à l’autre s’il savait comment allait le patron, décrit une source proche du palais d’Etoudi. Or, personne ou presque, y compris les ministres ou les hauts gradés, n’avait de réponse, puisque tout était verrouillé à Genève. » L’hypothèse a donc fait son chemin : et si Paul Biya disparaissait avant le terme de son mandat ? Et si « la force de l’expérience », son habile slogan lors de l’élection présidentielle de 2018, finissait par devenir, six longues années plus tard, la faiblesse de l’âge ?

Le scénario du BIR


Dans les hautes sphères militaires aussi, l’idée d’un empêchement de Paul Biya à gouverner est apparue dans le champ des possibles. Au point que, dans le courant d’octobre, des stratèges de haut niveau ont commencé à se demander quel pourrait être le scénario de l’après. Des messages ont été échangés, discrètement, par l’intermédiaire de personnes autorisées, avec une question centrale : si Paul Biya venait à disparaître, comment l’armée garantirait-elle l’unité de la nation et circonscrirait-elle les risques éventuels ?

« Paul Biya semble être le seul à faire tenir le système actuel. S’il n’est plus là, les clans risquent de se déchirer. Dès lors, que fera l’armée ? » résume un interlocuteur au fait de ces discrètes discussions. Surtout, ladite armée agira-t-elle comme un seul homme, au service de la République ? Dans la tête des hauts gradés ayant réfléchi à ces questions, trois corps semblent appelés à jouer un rôle en cas d’empêchement du chef de l’État : la Garde présidentielle, le Bataillon d’intervention rapide (BIR) et la Brigade du quartier général.

À la tête de ces contingents, les plus puissants du pays, se trouvent respectivement les colonels Raymond Charles Beko’o Abondo, François Pelene et Charles Alain Matiang. « L’idéal serait que tous trois travaillent ensemble, glisse un de nos interlocuteurs. Ou, à défaut, qu’aucun ne puisse prendre le dessus sur les autres. » Mais le BIR a aujourd’hui un avantage certain : il est le seul à disposer d’hélicoptères d’attaque à Yaoundé, et les batteries anti-aériennes des autres contingents sont basées loin de la capitale.

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