Cameroun - Fonds Covid : Paul Atanga Nji épinglé
Le rapport de la Chambre des comptes renseigne que le Minat a vendu 15 000 tests au Minsanté et n’a jamais communiqué sur la situation des contributions reçues dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Le 16 novembre 2021, la Chambre des comptes de la Cour suprême a rendu public son rapport d’audit du Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales.
Le document de 171 pages qui est désormais disponible et qui était très attendu par les bailleurs de fonds notamment l’Union Européenne (Eu), confirme toutes les malversations préalablement révélées par les premiers documents qui ont fuité sur la place publique et les réseaux sociaux il y a quelques mois.
Ce document jugé « explosif » par de nombreux observateurs, comporte une curiosité qui fait l’objet des conversations de milieux huppés de la capitale.
Tenez, à la page 99 du rapport de la Chambre des comptes, il est écrit que le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a vendu 15 000 tests de dépistage rapide Covid-19 au ministre de la Santé publique.
« Par ordre de virement n° 038/20/L/Minsante/Covid-19 du 11 mai 2020, l’ordonnateur du compte Bgfi Minsante-Riposte Convid-19 a réglé la somme de 288 000 000 F au profit du ministère de l’Administration territoriale sur un compte ad hoc, dont la Chambre des comptes ignore l’identité du titulaire, pour l’achat de 15000 tests de dépistage rapide Covid-19 », peut-on lire.
Le compte Bgfi, renseigne-t-on, a été effectivement débité de cette somme le 14 mai 2020. Selon les déclarations du point focal Covid- 19 du Minsanté, co-signataire dudit compte, rapportées par la Chambre des comptes, « le Minat a reversé cette somme dans le compte Bgfi du Minsante le 2 juin 2020 “sur instruction du Premier ministre, Chef du gouvernement” ».
Toutefois, s’étonnent les auditeurs de la Chambre des comptes, « dans le livre journal- banque du Minsante, cette opération de paiement n’a pas été annulée ».
Entorse à la réglementation
La Chambre des comptes fait par ailleurs quatre observations : la première est que la vente des tests de dépistage rapide Covid-19 n’est ni une mission, ni une attribution du Minat. En clair, la réglementation n’autorise pas une administration à vendre des biens à une autre ; la deuxième observation non moins pertinente fait état de ce que l’origine des tests est incertaine.
Et la Chambre observe qu’il n’est pas inhabituel que le Minat reçoive des dons de cette nature dans les situations de crise ; en troisième lieu, il est indiqué que le Minat n’a pas communiqué à la juridiction des comptes la situation des contributions reçues dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 pourtant réclamée par une lettre datée du 29 octobre 2020 ; enfin, la juridiction note qu’en l’absence de prise en compte du reversement dans le livre journal banque du Minsanté, il subsiste un risque que la somme de 288 millions de F fasse l’objet d’une appropriation privée.
Au vu de ces constatations, la Chambre des comptes souligne « l’opacité entretenue par le ministre de l’Administration territoriale (Paul Atanga Nji) et le ministre de la Santé publique (Manaouda Malachie) dans la gestion de cette transaction controversée, alors que subsiste un risque de distraction de cette somme ».
Les yeux sont désormais orientés vers le président Paul Biya qui n’a pas beaucoup d’option, s’il ne veut pas le discrédit de sa gouvernance s’installer.
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