Noso, Boko Haram, Can 2019, Covid-19… Paul Biya ou les mésaventures d’un chef impuissant ( ?)
La somme de 1 milliards de Fcfa débloquée par le président de la République pour renforcer la lutte contre ce tueur silencieux qui affecte au moins 193 personnes au Cameroun avec une dizaine de décès, convoque et questionne les expériences antérieures dont le dessein ne tient pas toujours ta promesse des fleurs.
Entre la cagnotte débloquée pour l’organisation du Grand Dialogue sans issue heureuse ; la fortune affectée à la préparation de la Coupe d’Afrique des nations, la guerre au Noso, la- menace de Boko Haram et le scandale des ordinateurs pour les universités, les initiatives du Chef de l’Etat sont presque toujours vouées à l’échec.
1 -Grand dialogue : l’illusion d’une sortie de crise
On l’avait appelé de tous les vœux ! Beaucoup y fondaient un véritable espoir, convaincus que le salut du Noso viendrait de cette grand’messe. A la vérité, le Grand dialogue national convoqué par Paul Biya, à première vue ressemblait à une pluie bienfaisante qui viendrait rafraîchir le Cameroun après trois ans de « sécheresse » intense dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, ou un peu plus partout ailleurs dans le Triangle national. Car, voilà trois ans que cela dure, cette sale guerre avec sa cohorte de malheurs.
La violence gagne en intensité, les morts se comptent par milliers avec à la clé, plus de 50.000 réfugiés au Nigéria et plus de 500.000 déplacés sur le territoire national. Face à ce drame, la Communauté internationale de concert avec la Nation entière, avait appelé à un dialogue inclusif. Après moult tergiversations, Paul Biya, acculé de toutes parts; a enfin décidé de sortir de son légendaire silence pour convoquer sur les hauteurs de Nkol-Nyada, le fameux Grand dialogue national, élargie à toutes les composantes sociales nationales. Habitué à surfer sur des crises, le président de la République qui n’a jamais accepté subir des pressions venant des puissances occidentales, a réitéré à ses compatriotes que a paix allait retourner dans le Noso qu’il pleuve ou qu’il neige.
Après cinq jours de conclave, la montagne a accouché d’une souris puisque la pile de recommandations consignées dans le « document final » de ce rassemblement pour lequel certaines parties prenantes à la crise ont été exclues, a été acheminée à la présidence de la République pour appréciation du Chef de l’Etat. Que sont devenues ces fameuses recommandations ? A quoi ont elles finalement servies ? L’homme du 6 novembre 1982 a-t-il ordonné la prise en compte de ces précieuses propositions ?
A-t-il procédé de son propre-chef à des révisions, des ajustements ou des aménagements ? Personne ne le sait. Sur le terrain, la guerre n’est pas finie. Militaires comme civils continuent d’être pris pour cible par des séparatistes qui font la pluie et le beau temps dans cette partie du pays. Dans la foulée, les « créatures » de Biya continuent de surfer sur des slogans, refusant d’aller au fond de la crise. Attendu sur le terrain pour essayer de désamorcer la bombe, le Pouvoir procède par des mesures cosmétiques et des comportements qui démontrent à souhait que le régime pense à tout sauf au calme.
Des centaines de millions de Fcfa débloqués pour le fameux dialogue n’ont finalement servis à rien. Un vrai gâchis.
Or, avant d’annoncer officiellement la tenue de cette assise nationale, Paul Biya avait déjà le 6 novembre 2018, jour de son investiture pour le septennat des « grandes opportunités », annoncé les couleurs. – Les grands défis que nécessite l’accès à l’émergence de notre économie, que j’ai rappelés, et les engagements que j’ai pris pour améliorer la qualité de la vie des Camerounais, supposent en premier lieu que des conditions adéquates de stabilité et de sécurité soient réunies. Je puis vous donner l’assurance que je ferai en sorte que ce soit le cas », avait-il proclamé du haut de la chaire à l’Assemblée nationale.
2-Noso et Boko Haram : la paix, un mirage
Plus de 50 civils tués par l’armée camerounaise dans le Noso. Les chiffres sont de l’Ong International Crisis Group qui a récemment publié un rapport qui s’intéresse à la situation dans le Nord-ouest et le Sud-ouest pendant la période de février 2020. Habitué à battre systématiquement en brèche tous tes rapports des organismes internationaux, te régime est monté à nouveau au créneau pour crier à une tentative de déstabilisation du pays pompeusement présenté à ta face du monde comme un îlot de paix.
Dans les régions anglophones, les militaires ont lancé des raids sur les communautés soupçonnées d’accueillir des séparatistes, qui ont fait plus de 50 morts parmi les civils», informe l’organisation non gouvernementale. Selon ce rapport, « les militaires soutenus par la milice Fulani, le 14 février, auraient tué 23 civils dans le village de Ngarbuh », lit-on dans ledit rapport. – Le gouvernement déclare que ce malheureux accident est causé par une explosion lors d’affrontements avec des séparatistes alors que les Nations Unies, l’Union Européenne et les États-Unis ont demandé une enquête indépendante-, précise l’Ong.
International Crisis Group, écrit aussi dans cette note que les affrontements entre l’armée et les séparatistes du 3 au 5 février 2020 ont fait 5 morts à Bamali. Une localité du Nord-ouest Cameroun. «Dans le Sud-Ouest, les séparatistes ont ouvert le feu sur un véhicule, tuant un civil dans le village d’Ekombe, le 3 février. Le 20 février les sécessionnistes ont aussi tué un chauffeur de camion dans la ville de Muyuka.
Des militaires ont tué trois civils dans le village d’Ikata le 3 février, six séparatistes présumés ont été tués dans le village de Bakebe le 6 février, et au moins trois civils auraient été tués dans le village de Bakundu le 20 février-, poursuit International Crisis Group. Le rapport de l’organisation jette aussi un regard sur la situation dans l’Extrême-nord Cameroun, en proie à la secte islamique Boko Haram. Des milliards de Fcfa du contribuable ont été débloqués pour le retour à la paix. En vain.
3-Can 2019 (2021) : le trophée de l’impunité
C’est un record à inscrire dans le livre Guinness. Des centaines de milliards partis en fumée ! L’organisation manquée de la Coupe d’Afrique des nations 2019 (et peut être celui de 2021) n’est pas seulement un scandale. Mais une catastrophe financière à nulle autre pareille. Des révélations sur une gigantesque mafia et des détournements de fonds publics de près de 1000 milliards Fcfa dans le cadre de cette compétition, ont fait le tour du monde.
Le procès des ministres maîtres d’ouvrages et des responsables en charge de la passation et de l’exécution des chantiers de la Can 2019, qui règlent leurs comptes à coups de publication sur internet des documents administratifs (dont certains sont confidentiels) dévoilant des sommes faramineuses, a ouvert la boite de Pandore.
Convaincus que Paul Biya (qui ne descend jamais sur le terrain pour contrôler les chantiers), connaissait désormais la vérité, les ministres se sont affrontés à la fin d’année 2018. C’est que, de nombreux membres du gouvernement ont retardé le démarrage des travaux pour passer en urgence des dizaines de marchés à des entreprises qu’ils contrôlaient et qui sont dirigées par leurs proches. Par exemple, sur 51 marchés de la Can 2019, 41 ont été passés de gré à gré.
Des transactions conclues entre les exécutants et les responsables où il faut toujours verser des commissions. A Olembé, où sort de terre un complexe sportif (dont un stade ultra moderne de 60 000 places aux normes Fifa, une piscine olympique, un centre commercial, des parkings, terrains d’entraînements et un hôtel), c’est l’hécatombe. Depuis le retrait de la Can 2019, rien ou presque n’a bougé dans le gigantesque chantier où doit trôner le mythique stade Paul Biya.
Entre grèves à répétitions des ouvriers qui réclament le paiement de leurs arriérés de salaires, résiliation du contrat de la société italienne Piccini par le ministre des Sports et de l’éducation physique en fin novembre 2019 pour son incapacité à livrer l’infrastructure dans les délais contractuels ; et procès à n’en plus finir des membres de la Task Force, englués dans des guerres de réseaux, le Cameroun est resté fidèle au statuquo. A l’évidence, les financements manquent, pour relancer les machines. Tout est au point mort.
De plus, un parfum de gros scandales a embaumé le sérail faisant dire que les fonds alloués pour ce gros ouvrage ont été croqués à pleines dents par certains membres du gouvernement. Paul Biya, présenté comme l’bornmè le plus renseigné du pays, est resté de marbre. Conséquence, lancés en mars 2016 et censé s’achever en septembre 2018, les fameux travaux n’ont plus bougé d’un iota.
Après avoir fait recours à plusieurs banques à travers la signature d’une convention de cautionnement l’année dernière pour que Gruppo Piccini obtienne le financement nécessaire pour la relance des travaux de ce complexe sportif, l’Etat du Cameroun mis en index comme le principal coupable, tente de sauver la face. Les secrétaires généraux de la présidence de la République et des services du Premier ministère cités comme auteurs présumés de la gabegie n’ont pas été inquiétés. Alors que les camerounais attendaient que les coupables soient punis, les mis en cause ont été purement et simplement reconduit, si ce n’est que leur pouvoir a été agrandi.
4-Coronavirus: le Fonds de solidarité de la honte
Annoncé au cours d’un point de presse du ministre de la Santé publique lundi dernier, le Fonds spécial de solidarité nationale a été officiellement initié le mardi 31 mars 2020 à travers un communiqué rendu public par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Le Chef de l’État a instruit l’injection immédiate d’un montant d’un milliard de Fcfa dans ledit fonds dont la provenance des ressources dépend en grande partie des apports sociaux consentis par des donateurs de bonne volonté. Une démarche qui à défaut de délaisser les vies des millions de camerounais au bon vouloir d’hypothétiques donateurs consacre la démission du président de la République de son devoir de garant du bien-être et du mieux-être des camerounais.
«Le geste magnanime du président de la République», intervient plus de trois semaines après la découverte fortuite et officielle des premiers cas de contagion au Coronavirus. Bien avant, certains membres du gouvernement avaient fait montre de déni face à la menace de cette pandémie sur le Cameroun. A la hussarde, une série de prescriptions ont été édictées dans l’optique de circonscrire la propagation du virus.
Dans le même temps, malgré les appels à la prudence lancés par la presse et de nombreux autres observateurs, le gouvernement a fait la sourde oreille sur la nécessité de filtrer les entrées des personnes provenant des zones infectées sur le sol camerounais. D’ailleurs l’idée de ce fameux Fonds ne rencontre pas l’assentiment de tous. Pour beaucoup, le Chef de l’Etat ne fait pas preuve de sérieux ; il refuse de prendre le taureau par les cornes. Une démarche qui s’apparente à de l’escroquerie.
Pour Alice Sadio, le gouvernement devrait soutenir les populations plutôt que de leur demander de l’aide. «Les confinés cotisent comment ?En Italie, l’église catholique a lance un programme de distribution des chèques aux populations les plus nécessiteuses avec mention : « ne retournez pas, cet argent à l’église, utilisez le là où vous avez le plus besoin ». Aux Usa en France, En Espagne, en Chine, etc. Les gouvernants prennent des mesures d’accompagnement financière de leurs populations.
On parle là des pays dont l’excellent système de sécurité sociale fait déjà pâlir les jeunes africains qui ne rêvent que d’y aller par tous les moyens. Ici, en pleine pandémie, on demande à un peuple a qu. a-.. u pu: ailleurs tout refusé de cotiser. – Cotiser comment ? Un peuple sous-salarié, censé être confiné, qui vit dans la précarité et la débrouillardise, qui n’a ni épargne ni compte bancaire pour la plupart, etc. va cotiser combien et en combien de temps ? -, s’interroge l’ex leader de l’Afp.
Source: actucameroun.com
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